Quel concert !
Balthazar était au Printemps de
Bourges dimanche et a confirmé tout le bien que je pensais de ce groupe
belge
On retrouve, tout au long du set, la
patte inimitable du groupe : c’est rock, c’est propre, c’est
classe, très mélodique, original, bien travaillé, et, malgré une
orchestration finalement assez simple qui n’est pas là pour en
mettre plein les oreilles (basse, guitare sans gros renfort d’effets,
batterie, synthés en fond de mix et quelques touches de violon),
c’est diablement entraînant.
Le public, totalement conquis, se
trémousse et applaudit à tout rompre.
La force du groupe en concert est sans
conteste sa capacité à créer des ruptures au milieu de ses
morceaux : régulièrement, batterie et guitares s’effacent
quelques secondes pour laisser le groupe chanter a capela dans de
superbes harmonies vocales. Les trente dernières secondes de la
chanson « Blood like wine » sont même entièrement a
capela et on sent littéralement le public retenir son souffle dans
les silences de parfois plusieurs secondes entre chaque reprise du
chant. C’est risqué, mais si bien maîtrisé, que ces silences
deviennent des moments d’émotion.
Sur scène, aisance, décontraction et simplicité dominent. L’espace est assez épuré (pas de gros claviers, ni amplis, ni grosses enceintes de retour) et, comme à leur habitude, 4 pieds de micro uniformément répartis occupent le tout-devant de la scène. Cette position linéaire frontale donne un peu l’impression que le groupe joue au milieu du public, impression accentuée par le bassiste, Simon Casier, qui se penche régulièrement au-dessus du bord de la scène et en descendra même pour jouer un morceau au milieu du premier rang. On sent beaucoup de complicité entre les membres du groupe qui communiquent souvent par regards ou par sourires, le bassiste navigant régulièrement sur le plateau pour aller discuter avec le batteur (perché tout en haut d’une plate-forme), le guitariste-chanteur Jinte Deprez allant de son côté soutenir de temps en temps Patricia Vanneste, la violoniste, malade ce soir-là et qu’on sent un peu à la peine.
Côté choix des morceaux, le groupe a
bien évidemment joué une grande partie de leur dernier album « Thin
walls », excellent disque sorti en début d’année :
« Decency », « Then What », « Nightclub »
(et son super riff de guitare), « Bunker » (sans doute
leur plus beau morceau à l’heure actuelle), « True love »,
« Last call », « I looked for you » et
quelques morceaux plus anciens mais incontournables (« Leipzig »,
« The oldest of sisters », « Sinking ships »,
« Do not claim them anymore », « Fifteen floors »,
« Blood like wine »). Mise à part l’intro remaniée de
« Sinking ships », l’interprétation a été très
proche des versions album. Manquaient « I’ll stay here »
et « Lion’s mouth » pour que le set soit vraiment
parfait...
Le concert est également l’occasion de comprendre ce qui
fait le son et l’originalité de Balthazar, à savoir la complémentarité des deux
chanteurs du groupe, Maarten Devoldere et Jinte Deprez. Le premier, qui joue
principalement de la guitare acoustique, souvent des accords un peu retords en
haut du manche, s’octroie les chansons les plus sombres qu’il sublime de sa
voix traînante. Le second, particulièrement à l’aise à la guitare électrique,
chante les morceaux plus mélodiques d’une voix claire de crooner.
Bref, un concert inoubliable à tel
point que (chose qui ne m’était jamais arrivé jusqu’à
présent), à la fin du concert, pendant que les roadies
s’affairaient sur scène, je suis resté plusieurs minutes
quasiment seul dans la salle pour prolonger le plus possible ce petit
moment de bonheur.